Chapitre 2
- Sophie Launay
- 2 juil. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juil. 2020
Perception du monde
Après une longue période de confinement nous réapprenons à sortir.
C’est l’occasion de passer au moins 3 semaines et non plus 3 jours entre deux avions quelque part.
Trois semaines à Athènes ? Mais que va-t-on faire ?
Au programme : Tant de choses et rien de particulier, accepter de voir peu de choses, mais de les regarder avec attention.

En posant le pied dans un pays qui ne se trouve pas au même endroit de la planète que le sien, on a une vue du monde décentrée par rapport à celui qui tournerait et prendrait sa source à Paris, par exemple.
À Athènes, le centre c’est Athènes, pas Paris.
Autour de soi, ce ne sont ni les italiens, les allemands, les anglais ou les espagnols ni pour nous en séparer les Alpes, les Pyrénées, la Belgique, la Suisse ou la Manche.
Les frontières géographiques grecques imposent des relations avec des pays aux comportements bien différents.
La Grèce est située entre l’Orient et l’Occident dit-on, aux pieds des Balkans, frontière-est de l’Europe.
Autour, les voisins ne sont pas toujours paisibles et les frontières pas très naturelles.
Au nord et d’ouest en est, l’Albanie, le plus pauvre pays de toute la région des Balkans et de l’Europe. La partie sud de l’Albanie faisait autrefois partie de la région grecque de l’Épire. Beaucoup d’immigrés travaillent en Grèce, source majeure de main d’œuvre.
La Macédoine du Nord, toute petite enclave de l’ex-Yougoslavie qui revendique le nom chéri par les grecs de Macédoine. Atteinte à l’identité grecque pour certains, peu enclins à partager le nom de cette plaine où vit le jour la figure emblématique d’Alexandre le grand, grand conquérant.
La Bulgarie, petit pays de l’Union Européenne, tranquille en ce moment, mais ennemi pendant l’instauration de l’État grec, avec une importante immigration de femmes venues prêter mains fortes aux familles grecques.
Et à l’est, la Turquie au passé ottoman synonyme de souvenirs douloureux. Les instances politiques turques viennent toujours titiller, provoquer l’hégémonie grecque dans les îles qui longent les côtes, depuis son indépendance en 1821. Les froissements diplomatiques sont légions. Dernières en date, la conversion de Sainte-Sophie, chef d’œuvre byzantin en mosquée et l’apparition de navires de guerre turcs dans les eaux territoriales grecques.
La perception du monde sur le territoire grec est donc très différente de celle de la France. Ce petit pays de 11 millions d’habitants se sent à la fois abandonné sur la question des migrants, assez seul faces aux menaces à ses frontières et contraint de jouer dans la cour des petits économiquement.
Il est en même temps conscient de son héritage culturel et de sa part essentielle dans la création du monde contemporain.
L'Occident a pris modèle sur la Grèce Antique dans bien des domaines mais invite peu le pays d'aujourd'hui à sa table.
D'où cette tendance à surjouer l' héritage antique, le seul qui semble vraiment intéresser ses partenaires.
La Grèce antique se perçoit en filigrane dans les rues modernes d’Athènes, comme une couche souterraine, non pas un vestige, mais une empreinte. Le lien reliant le passé et le présent a été surexploité dans la mythologie de la construction de l’identité grecque mais il est bien réel aussi.
Sous les pavés d’Athènes, ce n’est pas la mer mais l’Antiquité.
Et pour cela nul besoin de parcourir les sites archéologiques si l’effort d’imagination à faire, pour voir revivre ce monde enfoui sous les pierres, est ardu.
Il suffit de savoir qu’à Athènes, tout ou presque de ce que nous connaissons, de toutes ces matières que nous apprenons à l’école, dans le monde entier, vient de là.
Ensuite, les Romains ont organisé la cité mais c’est Athènes qui a tout inventé.
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