Un matin, la ville a découvert un tracé au corps gras sur les murs. Des lettres un peu tremblées s’étalaient sur de grands emplacements publicitaires, sous les ponts, à des endroits stratégiques, là où le flot des voitures est continu.
Sur des espaces blanchis, préparés pour recevoir le message, de grandes lettres manuscrites en minuscule, très espacées disaient « Βασανιζομαι » à traduire par "je suis torturé", "on me torture".
On passe devant "Βασανιζομαι" et tout de suite on se dit : la crise, la dette, le pouvoir d’achat qui baisse, le chômage.
Qui est cet homme, qui est ce collectif qui crie et écrit sa peine ?
On en voit surtout le long du périphérique, sur les grandes artères sales et poussiéreuses de la ville. Une signature, celle de lettres tracées à la main. Une écriture qui fait la part belle aux lettres longues dont les arabesques traînent comme des larmes.
Puis on en a découvert aussi sur de petites parcelles, jeté comme un graff. Dans des toilettes aussi. Encore un là, un autre par là.
Dans les blogs, dans la rue, les langues allaient bon train. Plus qu’un graffiti, disait-on.
La calligraphie de la crise.
Quand on lit : on me torture, je suis torturé, on a tous envie de dire moi aussi.
Puis Λαθος, c’est à dire erreur, est apparu. Erreur. Erreur de jugement peut être ? Fausse route sur la route.
Et ce rébus est de la même facture, tracé par la même main. Peut être enfin le début d’une réponse à la question ?
C’est en grec qu’il faut penser le rébus comme c’est en grec qu’il faut penser la crise, les crises économiques et sanitaires puis de nouveau économique, c’est en effet épuisant, torturant.
Et ce grec est torturé. Il n’en peut plus. Il le dit et signe sur les murs de sa ville.
Quel sens donner au rébus comment le déchiffrer ? : A part l’ancre, et le S si s’en est un, l’autre signe, le premier, semble exprimer un œil peut être.
D’où vient alors cette impression de savoir ce qu’il dit.
En tout cas, il nous fait signe devant un univers cadenassé, obtus comme un rébus non déchiffré.
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